Le marchand de journaux
Monsieur Alexandre, de Belz, tout courbé, poussait chaque jour son vélo et sa grosse caisse devant remplie de journaux et de magazines. A l’entrée du village, nous étions prévenu par ses » Ouest France, France-souère [soir], Nous Deux, Détective, Paris Match, Miroir [des Sports] et autres noms ». Nos mères s’approchaient – pas tous les jours – et achetaient Détective, Modes et Travaux et leurs « patrons » et modèles de tricot et Match quand il y avait des évènements ou des décès comme celui de Gérard Philippe, par exemple. Ensuite, les revues passaient de maison en maison, mine de rien on s’informait; ainsi arriveraient à la maison les nouveaux fers à repasser, la machine à laver le linge, le frigidaire, etc. tous vus d’abord en publicité.
Nous étions abonnés à Ouest France [et aux aventures de Lariflette] qu’on recevait avec le facteur, le sacro-saint Pèlerin [tout ce qui était écrit dans le Pèlerin – nous étions prévenus !- était « parole d’évangile »…], pour nous les enfants, nous avions Tintin ou Spirou et ses histoires de l’oncle Paul, Cœur Vaillant, Fripounet et Marisette ou Sylvain et Sylvette et leur biquette blanchette, ma grand-mère lisait la revue du diocèse en breton et celle des orphelins-apprentis d’auteuil avec en photo le fondateur, le père Brottier avec sa barbe de missionnaire. Le soir, nous avions La Liberté du Morbihan avec le car étellois, je crois, très apprécié, jugé plus proche des lecteurs et plus local que Ouest France.
Là encore, ce petit monde a soudainement disparu, des boutiques de presse se sont ouvertes, par exemple à Etel, en bas de la rue chez Diot, où j’allais devenir bon client, et, en haut, près de chez Ezanno, nous avons continué à lire malgré l’arrivée de la télé, les magazines ont changé, sont arrivés Elle, Marie Claire, puis Salut les Copains, Age tendre et j’en oublie mais peut-être pas vous?!